Une histoire des marges, l’histoire depuis la marge

Resumo

L’histoire puise dans le passé des réponses à des questionnements actuels, faisant de la comparaison avec des formes d’altérité proche ou lointaines, tant du présent que du passé, un des pivots à partir duquel s’articule la démarche qui lui est propre. Forgé dans un contexte de contestation de l’autorité et de l’arbitraire des normes sociales, le terme marge, mais plus encore sa déclinaison adjectivale marginal, s’inscrivent dans le débat post-68 et gagnent en popularité jusqu’à transformer l’adjectif en nom propre. Aujourd’hui, le phénomène de la valorisation des différences interpersonnelles, dans un contexte caractérisé par des changements sociaux accélérés, donne aux individus et groupes se trouvant aux marges de la société une nouvelle visibilité. La sensibilité accrue face aux différences qui caractérise les sociétés occidentales contemporaines se présente ainsi sous une forme de tension entre individualité et égalité de statut, les enjeux d’intégration se trouvant au centre des interrogations des politiques publiques. L’enseignement d’une histoire des marges est susceptible de promouvoir un questionnement des mécanismes de domination par le caractère révélateur des marges elles-mêmes. Ces dernières deviennent ainsi le point de départ d’un questionnement des structures à la base de la vie en société. La transmission d’une histoire des marges ouvre ainsi une brèche dans le caractère prescriptif de l’institution scolaire, des injonctions à la tolérance de la différence, faisant de cette différence le levier d’un modèle compréhensif.

Mots clés : transmission de l’histoire, marginalité, différences, pensée historienne.